vendredi 27 juillet 2012

Le paradis est á Mindo

Christophe s'étant rétabli, grâce á l'huile essentielle de cannelle, selon lui, nous reprenons la route, et nous découvrons la réalité de ce que nous avions lu sur les blogs de nombreux cyclistes: les routes  équatoriennes ne sont pas faites pour le vélo ! Descentes vertigineuses et cotes á prés de 15 % se succèdent et nous épuisent rapidement. Heureusement, le paysage magnifique de foret humide, luxuriante, fleurie, nous fait oublier ( un peu) cet inconvénient.



Les derniers kilomètres de descente jusqu'à Mindo sont si raides que nous savons déjà que nous ne pourrons pas remonter á vélo. Pas grave. Le bus, ça existe!

Les relations avec les habitants continuent d'être vraiment chaleureuses. Nous serons même  interviewes  par 2 journalistes qui réalisent un film pour le gouvernement sur les droits des réfugies et immigres.



 C'est un thème très á l'ordre du jour en Equateur, car le gouvernement du président Rafael Correa accorde la nationalité  équatorienne á tous ceux qui en font la demande et donne les mêmes droits aux immigres qu'aux équatoriens de souche. Cela ne va pas sans faire grincer des dents, car beaucoup d' équatoriens accusent les immigres ( essentiellement des colombiens, mais aussi des cubains, haïtiens) de leur voler leur travail et les accusent d'être des voleurs et des délinquants (ça ne vous rappelle pas quelqu'un ?) Du coup, le gouvernement multiplie les actions d communication. Inutile de dire qu'avec l'implication de Pépé Jean et de Hugo, nous avons beaucoup de choses á dire sur le sujet¡ (ça, c'est le point d'exclamation espagnol, á l'envers, et ils en mettent un au début de la phrase et un autre á la fin)

Mindo est un gros village á 1200 m d'altitude. Température idéale, forets préservées, oiseaux tropicaux, orchidées, rivières ( bon d'accord, elles sont froides), cascades.... C'est vraiment le paradis.
Nous campons sur le terrain d'un petit hôtel adorable, au bord de la rivière où se baignent Violette et Céleste. Les colibris, les tangaras bleus et l'oiseau que Sylvie a surnomme "le magnifique" dansent leur ballet au dessus de l'eau. Des fleurs inconnues et odorantes recouvrent la terrasse où l'on paresse dans des hamacs. Des goyaves tombent des arbres autour de notre tente. Et la nuit, le chant de l'eau, des grenouilles, les lucioles plus grosses et plus brillantes que jamais, nous bercent.

Une promenade dans la foret nous a permis de découvrir de magnifiques cascades



et de survoler la cime des arbres dans la " tarabita" ( la tarabiscotée, comme dit Céleste).





De bonne heure le matin, nous avons pu admirer avec un guide de beaux oiseaux, dont des toucans,



 

des perroquets, et même un cousin du fameux quetzal, l'oiseau sacre des Incas.




Notre guide nous emmènera gratuitement le même soir, après quelques km en vélo dans la nuit, observer un oiseau de nuit aux ailes longues et fluides comme des nageoires. Je souligne le fait que c'est un geste gratuit, car cela nous touche beaucoup. Au Pérou encore plus qu'en Bolivie, tout se monnaie.


 Les colibris s'abreuvent aux mangeoires

 Violette doit quand même faire des maths.

On se sent si bien ici qu'on y reste 3 jours. Je commence á ressentir le besoin de ne plus être toujours en itinérance, mais de me poser un peu, de faire mon trou pendant quelques jours, surtout dans des endroits si beaux et si acceuillants.

Bonjour l' Equateur

Nous reprenons l'avion le 17 juillet pour Quito, quittant á regret la Bolivie, ses payasages et ses habitants tranquilles.
Danilo, un jeune avocat équatorien qui a passé une année scolaire comme lecteur au lycée Vaugelas, vient nous accueillir á l'aéroport. Nous découvrons une ville très occidentale, si différente de La Paz : larges avenues, beaux bâtiments, circulation dense mais maîtrisée, organisée, bien loin de la cohue anarchique du Pérou ou de la Bolivie, parcs immenses avec des bassins et des pièces d'eau, beaucoup de jeux pour les enfants. Il y a même des pistes cyclables.
 Nous ne sommes pas très heureux de retrouver cette modernité, pourtant harmonieuse. Où sont les belles femmes en habits traditionnels de La Paz ?
Ce n'est pas facile d'aborder un nouveau pays. Il faut comprendre comment cela fonctionne : y-a-t'il des épiceries dans chaque village? Peut-on camper facilement ? Combien coûtent les provisions? Tout parait cher ici, après la Bolivie. C'est presque les prix français.

On nous a recommandé d'être sur nos gardes, le pays présentant une certaine insécurité. Nous nous en apercevrons dés notre arrivée, car Danilo ayant laissé  son sac dans sa voiture garée devant notre hôtel, á 5 heures de l'après-midi, retrouve sa vitre brisée et son sac volé ....... (d'ailleurs, nous n'avons aucune photo de Quito, car pour être tranquilles, nous nous promenons sans sac).
Cette malheureuse occasion nous permet cependant de rencontrer Marco, un hôtelier francophone, qui est si content de voir des français en famille, en vélo, qu'il nous invite dans son hôtel très classe, pour un prix 4 fois inférieur au prix normal.
L'hospitalité équatorienne nous touche, car nous n'y avons pas été habitues au Pérou, ni en Bolivie.


Ainsi, nous dormons gratuitement dans le charmant musée de la "Mitad del mundo", situe juste sur la ligne de l'Equateur.















En échange, les filles aident la gardienne ...



Nous sommes ensuite accueillis dans une grande maison, lieu de mariages ou autres grandes fêtes. Christophe passe 2 jours au lit avec de la fièvre (grippe?) et les filles en profitent pour jouer á la serveuse derrière le bar, avec une caisse enregistreuse datant de Mathusalem, pendant que Sylvie fait la popote dans la cuisine surdimensionnée "collectivités". Nous en profitons aussi pour découvrir les environs, et surtout le cratère du Pululahua, un cratère de volcan qui s´est effondre lors d'une éruption, et qui s'étend á présent sur 8 km de diamètre, partage entre une réserve naturelle et des espaces agricoles.



Tous les après-midis, á partir de 14h, les nuages recouvrent le cratère et en saison sèche, comme il n'y a pas de source dans le cratère, les habitants recueillent l'eau de condensation des nuages.




lundi 16 juillet 2012

La Paz

Violette et Céleste quittent leurs amies avec tristesse et nous rentrons à La Paz en bus.
Nous aimons cette ville, construite dans un ancien canyon au coeur de l'Altiplano, et pourtant si proche de l'Amazonie.



 On y fait d'ailleurs venir toutes sortes de fruits et légumes, qui constituent des marchés toujours bondés et colorés. Très vivante et animée, La Paz étire ses ruelles pavées toutes en hauteur. Nous adorons nous y promener, observer les vendeurs de rue, les cireurs de chaussures, découvrir les spécialités culinaires (saltenas: sortes de beignets au fromage, à la viande ou encore gros gâteaux à la crème rose, verte ou bleue,.....)
Il y a très peu de mendiants. En revanche, beaucoup de vendeurs de tout et n´importe quoi, des enfants dormant enroulés dans des couvertures près de leur mère.
Derrière les portes cochères, des petites cours ensoleillées.
Nous nous y sentons en sécurité, malgré les nombreuses recommandations des guides de voyage. Il n´y a aucun problème à s´y promener seule la nuit tombée.
 Le quartier où nous sommes installés (pas très loin du palais présidentiel, mais rien à voir avec le quartier de l´Elysée), est commerçant et assez populaire, mais on nous a dit que la partie Sud de la ville, où il fait moins froid car à plus basse altitude, formait le quartier riche et que certaines maisons avaient des poignées de porte en or.C´est sûr que les inégalités sociales sont énormes.



Notre modeste hôtel est un rendez-vous de jeunes routards du monde entier, qui boivent du maté et jouent de la musique dans la cour intérieure toute la journée et une partie de la nuit. Nous nous sentons de nouveau jeunes, comme eux. Violette et Céleste font leurs devoirs ou écrivent leurs carnets de voyage sur la terrasse ensoleillée d´où l´on découvre une partie de la ville.

Beaucoup de revendications sociales en Bolivie. A La Paz, nous avons d´abord assisté à la grève des policiers, qui réclamaient de meilleurs salaires et retraites. Puis , les indiens des communautés TIPNIS, après une marche de deux mois depuis l´Amazonie, se sont installés sous des tentes dans les rues qui entourent le palais présidentiel.


 

Ils protestent contre le démembrement de leurs territoires, pourtant reconnus comme leurs il y a quelques années, mais aujourd´hui promis aux "colons" , comme ils les appellent, cultivateurs de coca, et soutenus par le président Evo Morales, qui était lui- même auparavant dirigeant de  ces "cocaleros". Nous avons vu à la télé comment ces indiens ont été reçus par les forces de l´ordre à La Paz, à coup de matraque et de gaz lacrymogènes.



Depuis, ils campent - bien encadrés par la police - en attendant des rendez-vous avec le gouvernement, qui ne viennent pas.
Il y a là des hommes, des femmes, des enfants, des bébés, aidés heureusement par la population, qui leur apporte nourriture et couvertures.





Une nouvelle route doit de plus être construite, à travers l´Amazonie et le parc national Madidi, pour développer et acheminer la production de coca.Officiellement pour satisfaire le marché intérieur de consommation de feuille de coca, mais les indiens que nous avons rencontrés nous expliquent que le gouvernement d'Evo Morales est impliqué dans le trafic de cocaïne...
Nous nous apercevons au cours de nos discussions avec divers boliviens, que Morales est apprécié, voire vénéré par les indiens Aymaras des hauts plateaux et par les producteurs de coca... Mais pour d´autres, il est vu comme un cocalero qui place ses amis et un complice du trafic de cocaïne au détriment de la biodiversité de l'Amazonie et de ses populations indigènes.

Nous quittons demain 17 juillet la Bolivie pour l´Equateur. C´est un pays attachant, qui nous a fait criser sur l'Altiplano, mais qui a de multiples facettes. Nous retiendrons surtout l'extrême gentillesse de ses habitants, leur douceur.

La route de la mort et les yungas


Les Yungas, une région de profondes vallées située entre l'Altiplano et l'Amazonie, nous attirent pour leur chaleur et leur verdure. L'altitude modérée et les précipitations régulières permettent la culture de légumes, fruits, café et coca.





C'est aussi un lieu de villégiature pour les paceños, habitants de La Paz.

La grande descente commence  à La Cumbre, un col à 20 km de La Paz et à 4 700 m d'altitude.





L'ancienne route qui reliait La Paz à Coroico à été surnommée "route de la mort", à cause de son étroitesse et des ravins vertigineux où tant de véhicules ont plongé, causant la mort de centaines de personnes.




Une nouvelle route est maintenant construite de l'autre côté de la montagne. La route de la mort fait aujourd'hui la recette des agences de tourisme qui organisent cette descente de 80 km et 3600 m de dénivellé ( de 4700 à 1100 m), à toute allure en VTT à double suspension, accompagnée par un guide et une voiture suiveuse. Nous ne ferons pas ce concours de vitesse mais prendrons notre temps. Ce fut un véritable bonheur de parcourir cet itinéraire dans le soleil du soir et du petit matin.









Nous bivouaquons dans la forêt et pouvons observer les perroquets et petits colibris.



 La nuit venue, les lucioles s'allument et dancent autour de nous. La végétation est luxuriante : arbres inconnus aux fleurs oranges, rouges, blanches, fougères arborescentes, ...
Mais après cette descente délicieuse, la vraie route de la mort fut pour nous la remontée à Coroico: 700m de dénivellé en 7 km de pavés et de pierres , sous la chaleur ( 3 h)...

A Coroico, douceur de vivre se conjuge avec amitié: malgré la barrière de la langue, les filles jouent à cache-cache, aux petits chevaux, au mikados et au mistigri avec Aicha et Ajava, leurs nouvelles amies.



Tupiza

Trop de froid à Uyuni nous donne envie de douceur, et nous reprenons la même ligne de train pour filer 200 kilomètres au Sud.
Tupiza ( 3000m ) nous séduit par sa douceur de vivre. La plus bolivienne des villes que nous avons traversé. Gentillesse des habitants, peu de touristes, un marché vivant où l'on peut manger...






























Les environs sont superbes: canyons et montagnes aux pierres de couleur rouge, cactus ( Christophe a testé les épines de près).








C'est un décor de western idéal, et nous en profitonspour faire une grande randonnée à cheval, fêtant dignement en ce 6 juillet 2012 les 12 ans de Violette.




Christophe a mis pour l'occasion sa chemise de conquistador blanche aux manches bouffantes, brodée de perles, achetée 2 euros à Emmaus Chambéry !




Il a également fait couper sa barbe par un coiffeur consiencieux, qui, visiblement effrayé par son état capillaire, a pris l'initiative de couper courts et bien plaqués ses cheveux  (enfin une tête qui doit plaire à mon père Jean et à ma cousine Elise !!!).





Nous allons également manger un plat de lasagnes pour l'anniversaire de Violette, qui est très contente !!

Une route magnifique et peu circulée nous attire en Argentine toute proche (nous roulons à côté d'un convoi d'ânes chargés de sel qui vont d'Uyuni vers l'Argentine), mais ce n'est pas notre itinéraire et nous prenons un bus pour La Paz.

mercredi 4 juillet 2012

Le Lipez et le Salar d'Uyuni




Avec nos copains français, nous louons un véhicule 4x4 conduit par Raoul, son chauffeur Quetchua avec qui pour partagerons de supers moments et partons pour 900 km en trois jours dans le grand sud Bolivien, a la frontière de l'Argentine et du Chili. Ce désert du Lipez, et plus particulièrement le sud Lipez, nous fascine par la beauté et le caractère insolite des paysages. Des geysers a 4 850 m d'altitude,



des eaux chaudes a 35 degrés dans lesquelles il fait si bon se prélasser par moins 10 degrés (en sortant, les cheveux des filles et la barbe de Christophe se retrouvent plein de glaçons en moins d'une minute !!!),



des lagunes vertes, multicolores ou gelées



et peuplées de flamants roses nous émerveillent,



de même que l'observation des chinchillas,



des petites autruches,



des vigognes ou encore des lamas.



Très peu d'habitants dans ce presque désert,



si ce n'est quelques agriculteurs dans le nord Lipez ( culture de quinoa) et quelques villages miniers, car le sous sol est riche en métaux précieux (bore, lithium, manganèse,...).
Nous dormons dans un petit refuge en Sud Lipez puis dans un hôtel de sel au bord du salar et profitons de nos duvets pour compléter les quatre couvertures des lits, pour ne pas avoir trop froid la nuit.
Il parait qu'on ne comprend bien un pays que lorsqu'on le visite dans ses conditions extrêmes : être ici au plus dur de l'hiver nous permet de voir aussi que les sud-boliviens ont la vie dure, sachant que les habitations ne sont pas chauffées et que l'eau gèle facilement même a l'intérieur.

Nous récupérons nos vélos au milieu du salar d'Uyuni. Ce désert de sel est grand comme presque la région rhone alpes ; il est issu du retrait d'une grande mer qui couvrait tout l'altiplano.

Sur le bord, pres d'Uyuni, les boliviens y trvaillent dur pour la production de sel.






Traverser cette immensite blanche seuls en velo nous procure un sentiment d'isolement.



Nulle part encore nous n'avions ressenti si fort le froid, même en plein midi en plein soleil.



Impossible en ce moment d'y camper, nous rejoignons la cote  nord du salar au pied du volcan Tunupa ou un petit village est censé disposer d'une auberge.



Mais l'arrivée a la tombée de la nuit fut rude, car le salar est en eau sur toute la cote...Violette part pied nus dans la saumure a - 5 degrés, Christophe porte successivement Céleste et Sylvie puis achemine les vélos...




Autant dire que l'acceuil chaleureux de la famille Aymara qui tient l'auberge de Tahua nous est du plus grand réconfort ! Nous nous sentons bien dans ce petit village isolé mais vivant et chaleureux.

Mais Céleste perd ses lunettes de soleil, ce qui nous interdit un retour en vélo sur le salar. Nous trouvons par hasard un (très rare !) véhicule qui rentre sur Uyuni et accepte de nous embarquer et retraversons  le salar en deux heures au lieu de deux jours en vélo... Là, pour le coup, nous sommes vraiment frustrés de n'avoir pas pu plus rouler sur le salar, car malgré les conditions extrèmes,  ce paysage est fabuleux et y être pleinement dedans en vélo nous émerveille.

Le salar, c'est très euphorisant quand tout va bien  :









Mais nous avons joué la prudence par rapport à cet environnement qui peut etre dangereux, comme nous l'avons vécu la veille, et comme nous l'ont montré les nombreux récits de notre guide et les tombes que l'on croise régulièrement.