Nous voilà arrivés depuis lundi 4 juin en pays Kallawaya. Une demi-douzaine de villages accrochés dans les pentes très raides de la cordillière, côté Amazonie.
Pour y venir depuis le lac Titicaca, nous avons gravi trois grands cols (entre 4500 et 4800 m ) sur une piste caillouteuse d'une centaine de km, en trois jours depuis le lac. Dur, mais magnifique! Le premier soir, on plante la tente près d'un petit lac, et le brouillard nous enveloppe immédiatement. Pendant que les filles préparent le couchage sous la tente, Christophe fait cuire les pâtes au dehors. Dans le brouillard il aperçoit un berger qui rentre son troupeau de lamas en direction de quelques maisons bien plus bas.
La nuit fut tellement froide qu'au petit matin, l'humidité de l'air et la condensation ont trasformé le double toit en un film de cristaux de glace...
Heureusement, lorsque le soleil arrive, il nous réchauffe et sèche la tente pendant que nous déjeunons en contemplant cette immensité qui nous entoure...
La deuxième nuit, nous nous arrêtons sous le dernier col, exténués. A nouveau le froid lorsque que le soleil se cache, dès 5 heures, derrière la montagne. A 4600 mètres, Sylvie et Christophe dorment mal, le souffle court. Les filles, par contre, dorment comme des loirs... de 7 heures du soir à 7 heures du matin !
Le troisième jour nous permet de franchir le col Pumasini ( 4800m... qui acheva le moral de Violette), et d'entamer la grande descente vers Charazani, situé à 3200 mètres.
Nous retrouvons avec bonheur la végétation, les villages, les gens.
Les indiens Kallawayas ont historiquement développé des savoirs en médecine à partir des plantes qu'ils récoltent aux différents étages de la montagne qu'ils habitent et parcourent, en harmonie avec les éléments terrestres et le cosmos. Messagers de l'associations ECLAT à Grenoble, nous avons plusieurs contacts et lettres à remettre.
Cela nous a permis, durant une semaine, aller de village en village, à pied cette fois si, car les pentes sont trop raides pour le vélo !
Nous découvrons progressivemenet une culture encore vivante, mais laminée par l'exode rural, les villes comme La Paz attirant les jeunes vers des vies moins rudes. Les Kallawayas, historiquement médecins ambulants dans toutes les Andes,arriveront-ils à transmettre leur savoir? et que sont ces savoirs? Voilà le fruit des passionnantes discussions que nous avons eu avec Felipa, Basilio et Orlando, qui tentent de fédérer les paysans pour récolter, conditionner et vendre les plantes sous forme de tisanes et pommades, ou encore former de nouveaux médecins.
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Mais depuis la mort de Sergio l'an dernier ( leader important), tout est plus difficile.La vie est rude ici, les gens sont pauvres, il faut travailler beaucoup et surtout marcher beaucoup pour aller tout là-haut dans la montagne cultiver et récolter de minuscules pommes de terre, ou tout en bas faire pousser orge, avoine et blé sur des petites terrasses accrochées à la pente. Nous espérons que notre présence ici , en tant que représentants d'ECLAT et porteurs de lettres écrites par les membres de l'association, marque modestement le soutien de quelques occidentaux à cette culture déclarée " patrimoine de l'humanité", mais concrètement abandonnée à la difficulté immense que ses représentants ont à la faire perdurer.